Travailler avec des consultants indiens, monter un projet avec une équipe au Maroc, accompagner la restructuration d'une filiale en Argentine... Aujourd'hui plus que jamais, les situations interculturelles se multiplient dans les grandes entreprises. Alors, comment développer son « intelligence interculturelle » ?
Le contexte a changé au cours de ces 10 dernières années. A l'origine, les expatriés étaient à l'avant-garde des chocs culturels. On envisageait alors l'interculturalité sous un prisme ethno-centré, celui de l'expatriation. Aujourd'hui, force est de constater que cette notion englobe aussi la gestion des équipes à distance, les projets internationaux, mais aussi l'intégration de talents de tous horizons, aux codes parfois éloignés des nôtres. Oui, le fait interculturel touche désormais toutes les fonctions de l'entreprise. Une nouvelle langue s'est même développée au fil des années, que Dominique Rey1 appelle « l'anglais globish » : ce nouvel esperanto est en réalité « une langue neutre », qui peut parfois être source de malentendus derrière « un vocabulaire réduit au minimum ». Plus largement, elle révèle « l’ampleur insoupçonnée des différences de conception sur ce qu’est une bonne manière de travailler ».
Lorsque les équipes sont éloignées géographiquement et culturellement, la recherche du plus petit dénominateur commun peut aider à travailler en bonne intelligence. En effet, certaines cultures partagent des références communes, ce qui les amène à collaborer de manière plus fluide. Prenons l'exemple du Japon et de l'Allemagne : ces deux pays partagent un profond respect face à la hiérarchie, et une véritable déférence devant les procédures. A l'inverse, les Etats-Unis et les pays scandinaves adoptent une approche plus spontanée, où les liens hiérarchiques s'effacent derrière une communication plus directe. Ainsi, s'il est possible de modifier certains comportements individuels, les valeurs qui sous-tendent chaque culture restent bien ancrées, et les dénominateurs communs font la différence.
Selon Philippe Pierre2, l'interculturalité oblige à « s'étonner et poser un diagnostic ». Plus précisément, « l’interculturalité désigne l’étonnement volontaire devant un comportement et des pratiques différentes des nôtres ». Par conséquent, un bon manager de l'interculturalité doit définir un cadre lui permettant de recevoir et comprendre l'étonnement des personnes à la culture différente de la sienne. Comment ? Grâce à des méthodes ayant fait leurs preuves :
La collaboration interculturelle est un défi qui s'accompagne d'une récompense : la création de valeur. L'interculturalité enrichit une entreprise, avec des équipes plus ouvertes et flexibles, mais aussi des projets menés différemment. Or, c'est cette différence qui fait la valeur ajoutée des entreprises.
Chez PwC, nos collaborateurs évoluent dans un environnement multiculturel : plus de 58 nationalités sont représentées au sein de nos bureaux français et nous favorisons la mobilité internationale à travers de nombreuses opportunités à l'étranger. Et parce que l'interculturalité ne se limite pas à l'expatriation, nous encourageons également tous nos collaborateurs à penser « Out of the box », une démarche qui permet de poser un regard toujours neuf sur nos missions.
(1) : Consultant et coach de dirigeants, Dominique Rey forme des professionnels aux enjeux interculturels et aux solutions adaptées pour la communication et le management dans les Grandes Écoles, les Instituts de formation et les Universités.
(2) : Philippe Pierre est docteur en sociologie. Il est aujourd’hui codirecteur du Master de Management Interculturel de Paris-Dauphine.